No Scotland, No Semaine de la mode

Jeudi 23 janvier 2025. Semaine de la mode. 10e arrondissement, Paris.

J'attendais patiemment le passage d'un plateau de sandwichs frais lors d'un événement de promotion d'une marque de mode dont je n'arrive pas à me souvenir du nom. Musique : House. Enfin, jusqu'à ce que je commence à parler avec un autre amateur de sandwichs.

La conversation s'est lancée par une analyse approfondie des meilleurs sandwichs proposés, mais elle s'est vite orientée vers la question d'où je venais. L'Écosse. Le simple nom qui a pu transformer une femme de 50 ans aux cheveux grisonnants en un membre à part entière de l'armée écossaise. Sans hésiter, elle s'est lancée dans une interprétation de "Yes Sir, I Can Boogie", chantée avec l'accent français le plus épais que j'aie jamais entendu de ma vie. Puis, tout naturellement, elle a enchaîné avec "No Scotland, No Party" avant de reprendre son calme pour un refrain dramatique et pathétique de "Flower of Scotland".

J'étais perplexe. Dérouté. Il fallait me demander : pourquoi ? Pourquoi une personne qui ne parle pas anglais, qui n'a pas d'héritage écossais, et qui n'a aucun lien clair avec notre culture connaît si bien ces chansons, avec une passion qui rivalise avec la force combinée de nos trésors nationaux comme Nicola Sturgeon et Alex Salmond ?

Son explication était bien simple. Elle a vu l'Écosse gagner contre la France en 2007, puis la France en 2013, et plus récemment elle avait voyagé en Allemagne pour l'Euro. Mais quand elle me parlait de ces matchs, ce n'est pas la tactique ou les actions marquantes dont elle se souvient. Mais par contre, ce qui l'avait vraiment captivée, c'était la musique. Les chants et les chansons incessants des supporters écossais. Elle a listé ses préférés avec l'enthousiasme d'une supportrice de toujours, et elle a parlé avec enthousiasme du prochain match de rugby entre la France et l'Écosse.

Bien sûr, elle avait des billets et venait avec son nouveau copain : pour qui ce serait la première fois qu'il voyait l'Écosse jouer. Et voilà, une autre personne, entraînée sans s'en rendre compte dans l'identité culturelle écossaise par moyen de la musique.